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Journal central n° 6
Qui fut l’architecte des folies reproduites dans ce livre ?
Extrait
Début 1985, attiré par son titre mystérieux, j’achetai sur un marché le Journal central n° 6, en fait livre de comptes d’une fonderie installée dans la proche banlieue angevine dans la première moitié de ce siècle. Revenu chez moi, en feuilletant cet important in-folio daté de 1910, je découvris de nombreuses notes manuscrites dans les marges, ainsi que des croquis réalisés sur papier calque glissés dans le volume.
Je venais, sans le savoir, d’aborder au rivage d’une des plus fascinantes aventures de l’imaginaire humain : ce Journal central n° 6 et ses compagnons (n° 7, n° 8) acquis par la suite, furent le support clandestin d’un autre “journal”, tenu entre 1924 et 1939 par un homme dont j’ai essayé de reconstruire l’histoire, à partir de ces traces abandonnées, volontairement ou non, au hasard d’une improbable découverte.
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Au cours du premier conflit mondial, cet homme devint amnésique à la suite d’un traumatisme ; cet espace blanc de la mémoire le hanta durant le reste de son existence... En 1918, il fut démobilisé. Entre 1918 et 1921, lors d’un séjour de convalescence dans une clinique psychiatrique, il fit la connaissance d’un autre malade, dont il devint l’ami. Ce dernier, comptable de la fonderie, le fit engager dans l’entreprise en 1921 en qualité d’aide-comptable. Il est probable qu’entre 1921 et 1924, année du décès de ce seul ami, il ait essayé avec son aide de “déchirer le mur blanc de la mémoire” (Journal central n° 6, p. 65).
Désormais seul, il décida, bien que de santé fragile, de partir à la reconquête de son passé. Il était hautement probable qu’avant guerre, il exerçait une activité liée à l’architecture ou au dessin industriel : à plusieurs reprises, il avait fourni à la fonderie des dessins techniques dont la qualité avait étonné les ingénieurs.
Pour mener à bien son voyage intérieur, il entreprit d’édifier un bâtiment en bordure de mer, sur un terrain en friche acquis au cours d’un séjour sur la côte de Jade effectué en 1923 avec son ami. Cette première “folie”, il en dressa rapidement esquisse et plans détaillés. En 1927, la construction fut achevée.
Ci-dessous, les quatre folies créées par l'architecte, reproduites ici en couleurs (en noir et blanc dans le livre)
La folie de l'air
La folie de l'eau
La folie du feu
La folie de la terre
