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Aubergenville 2000
Aubergenville, nouvelle station de sports d’hiver en val de Seine ? Tout peut arriver à la veille de l’an 2000.
Extrait
Un an plus tôt, les panneaux le long de l’A13 auraient fait rire :
« Aubergenville 2000, le ski nature aux portes de Paris »
Ce n’était pourtant ni un canular ni un poisson d’avril : le 1er janvier 2001, la file de voitures avec porte-skis sous le tunnel de la Défense, il n’y avait pas erreur d’aiguillage !
Tout avait commencé le 1er janvier 2000. Alors que la France entière fêtait (avec un an d’avance) l’arrivée du troisième millénaire, une nouvelle montagne naissait à Aubergenville, à quarante kilomètres de Paris : imperceptible poussée de la croûte terrestre, ni volcan ni séisme, un simple bouton de fièvre, avaient expliqué les spécialistes – les Alpes en miniature, avec croissance régulière au rythme de 5,46 m par jour (l’année étant bissextile), 22 cm à l’heure, 3,5 mm à la minute : le paysage avait pris en une année 2 000 m d’altitude ! La population locale n’avait guère souffert, s’adaptant plutôt bien à cette ahurissante poussée de la terre natale.
Au dernier jour du second millénaire, les experts estimaient que la croissance du bubon terrestre était achevée : le sommet ne dépasserait donc pas les 2 177 m. Le phénomène était d’ailleurs circonscrit : le quartier d’Élisabethville, en bordure de Seine, demeurait de plain-pied avec le plancher des vaches, ainsi que la voie ferrée, l’usine Renault et l’autoroute. La montée à Aubergenville 1200 (l’ancien bourg, devenu alpestre) s’effectuait par une draille non goudronnée et retapée quotidiennement. La végétation s’acclimatait ; un farceur avait même planté du génépi et des edelweiss. Un couple d’aigles, quelques marmottes et chamois surnuméraires avaient été lâchés dans le nouveau massif qui, dès le mois d’octobre 2000, alors à la cote 1600, se couvrit d’un manteau blanc prometteur ; quelqu’un eut alors l’idée de transformer la riante cité du val de Seine en coquette station de ski à la mode : emplois à la clé pour les jeunes, formation express au secours en montagne pour les futurs responsables de la station, installation d’un premier télésiège début décembre, la technique et l’organisation avaient fait merveille : l’ouverture était prévue pour fêter dignement ce 1er janvier 2001.
La nouvelle station promettait : la petite église capuchonnée de neige, les gamins bottes fourrées descendant les pistes de luge, les premiers visons (version prêt-à-porter) à la terrasse de l’Auberge en ville, rebaptisée Le Chalet, l’ancienne mairie reconvertie en gare de télésiège et galerie commerciale...
Rédac’chef de «Vertigo, la revue de toutes les montagnes», je figurais sur la liste des invités à l’inauguration de la station francilienne.