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Un soldat en 1939-1940
Version numérique disponible sur le site du Polygraphe. Ou sur Amazon.
Repères historiques par Jacques-Guy Petit. Cartes d’Anne Le Fur.
La «?grande évasion?» d’un soldat français
Rien ne prédisposait Lucien Laurendeau à vivre une telle aventure. Fait prisonnier avec des dizaines de milliers de soldats dans l’est de la France en juin 1940, il choisit de s’évader du camp de Champ-le-Bœuf, près de Nancy. Avec le soutien de nombreuses personnes rencontrées au hasard des routes et en compagnie d’un camarade, Raguin, Lucien va traverser la France d’est en ouest, à pied puis à vélo, pour rejoindre Angers, sa ville. Sorte de road-movie de la Débâcle, son récit constitue un rare témoignage sur une époque troublée de l’histoire.
Extrait
«Vers minuit, le 7 juillet (fête de papa), tout le monde dort. [...] Je sors du car en évitant le bruit. Il est une heure du matin.
Dans les jours précédents j’avais examiné les possibilités de sortir du camp. À l’entrée, près de la route, le poste de garde?; aux trois autres angles, des miradors avec projecteurs et mitrailleuses. Je pensais passer par les grillages et clôtures barbelées du côté de la forêt de Haye, distante de quelques centaines de mètres.
Je me dirige de ce côté?; [...] je marche sur mes chaussettes, cent cinquante mètres environ, et j’entends des pas?: une patrouille, que je n’avais pas prévue, avec torche électrique et chien policier. Je me faufile sous une cuisine ambulante, valise et souliers près de moi, et je fais le dormeur. Le chien vient me sentir et s’en va sans rien dire. Les soldats passent, ils n’ont rien vu… mais j’ai quand même eu chaud?! J’attends une minute et prends une autre direction, vers un chemin longeant le camp entre le poste de garde et un mirador?; j’avais remarqué là un passage possible. Une double clôture grillagée me sépare du chemin. Je passe la première et j’écoute?; bien m’en prend, un soldat fait les cent pas sur le chemin. Il fait nuit noire. Je ne le vois donc pas, mais je compte à peu près une minute et demie entre chaque passage. Vingt secondes environ après le prochain, je traverserai la seconde clôture. [...] Au bout d’un?centaine de mètres, je me trouve devant une cinquième clôture et, arrivé là, j’entends un pas lourd. Je m’aplatis une énième fois et je devine une grande ombre au-dessus de moi. C’est un cheval en liberté qui vient voir ce qui se passe dans le secteur.»
Le groupe des téléphonistes du régiment de pionniers.
Lucien est au deuxième rang, le deuxième en partant de la gauche.