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le Voyageur attardé
Nouvelle postale n° 9. Epuisée.
Texte repris dans l'Anthologie Ginkgo.
Extrait
dans une mauvaise auberge.
Thérèse d’Avila
Je suis revenu dans cet hôtel. Les portes claquent dès le matin. Dans les couloirs, on croise des machines sauvages, des soldats qui martèlent le sol ou une théorie de religieuses qui glissent comme des fantômes sous le vol fade de leurs cornettes, menant la mort de porte en porte. On entend geindre, mais personne n’ouvre.
Les femmes de chambre sont des coquines qui flairent la solitude des voyageurs dans leur lit tourmenté. « Regarde celui-ci, la lune en fait un sanglier vieux ! » Et ce sont des rires pour trois poils durs. Elles s’étendent sur les couches désertées, se roulent en criant dans l’odeur des disparus. Je crois que la forêt n’a pas de secret pour elles. D’ailleurs, à la nuit tombante, on ne les voit plus ; elles se retirent très loin dans les hauteurs. Le cou tendu, elles tètent la nuit. C’est pour cela qu’elles ne s’apaisent jamais ; le froid les brûle au ventre.