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Le Joujou des Demoiselles
A ne pas mettre entre toutes les mains : sous-collection pour lecteur averti.
Quelques poèmes, choisis dans l’édition établie par Apollinaire pour « La Bibliothèque des Curieux ».
Extrait
Les Cocus
Dans notre voisinage, où l’on voit tant d’abus,
Disait Lucas à son compère,
Sans vous compter, combien comptez-vous de cocus ?
– Comment, sans me compter, reprit l’autre en colère ?
– Ne vous mettez pas en courroux,
Dit Lucas, je n’ai point prétendu vous déplaire.
Hé bien ! en vous comptant, combien en comptez-vous ?
Conte
Pierre et Margot, pleins de luxure,
Batifolant à l’encoignure
D’un passage, où maint survenant
Eût pu les voir se démenant ;
Pierrot sans soins ni prévoyance,
Avec son engin rubicond,
Veut, se dit-il, entrer en danse ;
Mais Margot peureuse répond :
Si quelqu’un nous voyait aux prises ?
Le monde est gausseur et malin ;
Il faut nous garer des surprises.
Le Rustaud, poursuivant son train,
Dit : Hé bien ! j’aurai l’œil à gauche,
Toi, vise à droite. Elle y consent.
Il vous la trousse, et la poussant
Contre une borne, la chevauche,
La Ribaude à ces durs assauts,
Remuant et croupe et gigots,
Et sentant venir la déroute :
Ho ! dit-elle en roulant les yeux,
Pierrot, fais le guet pour nous deux,
Car pour moi je n’y vois plus goutte.