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Ou la Logorrhée de l'œstre vitamine...
Étrange assemblage d'œstroïdes (courts aphorismes), de prose désenchantée et de poèmes ironiques, ce recueil à nul autre pareil témoigne des expériences littéraires et graphiques singulières de Phil Frib.
Extraits
(Érotisme de la rue.) Caresser le macadam en épousant le bitume.
BÉNITIER : BIDET DE L'ÂME.
« Je t'en prie, enlève ton rasoir de ma bouche : ça me chatouille la luette. »
S'ennuyer, c'est regarder les secondes venir à soi à travers une paire de jumelles.
(Opportunisme.) Cuire son steak dans le feu de l'action.
JE VEUX RIEN ET TOUT DE SUITE !
Sur ton visage une larme : tes yeux transpirent.
(Xavier Forneret.) Le granit dont on fait les pierres tombales est souvent rose.
A la science de Dieu
en la Révélation
de l'Origine de l'Homme
en particulier
et de quelques éclaircissements
sur le Mystère de la Création
en général.
(Tout ce que j'essayais de dire était vers.)
Ovide, Tristes, lV, 10, 26.
UN TENIA logeait chez l'habitant
Un triste et sombre appartement
Il habitait dans un vieux bœuf tout déglingué
Il y avait des lustres que la bête était crevée
Le ténia occupait tout le rez-de-chaussée
Un vaste estomac pas très ensoleillé
Du moins ce qu'il en restait présentement
La carcasse craquant de tous côtés pareillement
La charogne n'avait plus de viande faisandée
Les mouches même l'avaient partout désertée
Et "Cadavre décharné : plus rien à bouffer !"
Comme dit un poète plein de vers à citer
Le ténia se sentait bien seul sur cette terre
Plus d'amis parasites à entortiller
De quoi devenir fou dans cet antre solitaire
De ce bœuf vétuste il fallait déménager
Il se trouvait comme face à un avis d'expulsion
Devant une mise en demeure de quitter l'habitation
Il lui fallait prendre ses cliques et ses claques
Partir et surtout investir de nouveaux cloaques
Conquérir d'autres lieux par-delà l'horizon
Mener une nouvelle vie : une vraie vie de côlon
Le samedi suivant, tôt dans la matinée
Fut bien naturellement le jour de marcher
Le soleil pointait à peine ses fléchettes
Les plantant mollement au ras des pâquerettes
Le ténia partit donc par un matin d'hiver
Sans avoir endossé de chaudes affaires
Le voyageur s'en allant la démarche guillerette
Pressa le pas pour avoir moins frisquette
Cela se passait à une époque si glaciaire
Que le fond frais de l'ère en fut quaternaire
Chemin faisant il fredonna un gai refrain
Les nuages chialèrent sous son chant d'exode
Les herbes sur son passage pâlirent un brin
La glace de se morfondre au lyrisme de cette ode
Un mammouth de peur s'enterra sous son chemin
[...]