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Coédition Deleatur/Galerie idées d’artistes.
Préface de Jean-Marie Drot
D’avril 1994 à avril 2000, Stani Nitkowski (1949-2001) a tenu un carnet dont nous proposons aujourd’hui au public le fac-similé sous le titre : La Mansarde à lucarne magique, alors que l’œuvre du peintre est l’objet de nombreuses expositions : en 2002, notamment, rétrospective à la Halle Saint-Pierre (Paris) et exposition à la galerie idées d’artistes, avec qui nous coéditions l’ouvrage ; rétrospective à l’abbaye du Ronceray (Angers) en 2003.
De nombreuses reproductions des œuvres de Stani Nitkowski, ainsi que des témoignages et une longue interview effectuée par Dominique Polad-Hardouin, sont disponibles sur le site Internet de la galerie idées d’artistes.
Fac-similé d'une des pages du carnet
Extraits de la Lettre à Stani, de Jean-Marie Drot, publiée en préface à l’ouvrage :
[…] Une fois encore, le crayon à la main, je relis ta Mansarde à lucarne magique, ton « Livre d’heures », ton « Journal de bord » qui s’ouvre le 1er avril 1994 à 21 h 15 et se referme le 26 avril 2000... Même incandescence entre les mots que tu traces à l’encre de Chine et tes peintures. À coups redoublés tu frappes. Pour nous réveiller ? Nous faire sortir de l’indifférence ? « On ne crie jamais assez fort », m’as-tu souvent répété.
J’aime ta violence, tes poèmes de colère bleue, la véhémence de ton discours. Mais à propos de ton texte je ne parlerai ni de Chaissac, ni d’Antonin Artaud et moins encore de Samuel Beckett, comme adorent le faire les critiques diplômés. Tu es toi. Magnifiquement toi. Plein de vociférations, de cris. De passion surtout. D’ailleurs, il n’y a pas de grands écrivains, pas de grands peintres, il n’y a que des grands hommes. Et toi, tu en es un !
[...]
Le 26 avril 2000, tu écris « qu’involontairement exilé dans “la mansarde cellulaire” tu te nourrissais d’images en devenir ». Cette confidence m’en rappelle une autre, enregistrée sur bande magnétique : « À vingt-trois ans, j’ai commencé à ne plus pouvoir marcher. L’Association française contre la myopathie m’a offert un fauteuil roulant et une boîte de couleurs. Je l’ai très mal pris. Je ne voulais pas de fauteuil. Je voulais mourir. J’ai pris une lame de rasoir et je me suis tailladé les veines. J’ai été transporté à l’hôpital puis mon père m’a bouclé dans ma “mansarde”. »
[…]
Me bouleversent particulièrement les dernières lignes de ton « Livre de bord » : « La boucle est bouclée. J’ai essayé de dépoussiérer quelques toiles d’araignées porteuses de mémoire. Avec mes mots de fils d’ouvrier inculte. Ce que je disais dernièrement à mon compagnon de route, J.-M. D.:
“La loi du plus mort est toujours le veilleur !” »
Mais non, cher Stani, jamais il ne faut prononcer ce mot noir. Entre nous deux le deuil n’est pas de saison. Si tu le veux bien, jusqu’à notre prochaine rencontre je m’en tiendrai aux paroles du poète persan Saadi : « Ne pleurons pas sur les morts qui ne sont que des cages vides dont les oiseaux se sont envolés... »
« l’oncle d’Ios »